Stenay, une médecin généraliste, partie à la sauvette !
Une communication préalable aurait permis aux patients de s’organiser et de trouver un autre praticien. La docteure Nedyalka Hristova Dimova-Nikolusheva, médecin généraliste à Stenay depuis octobre 2017, vient de quitter la ville pour Herserange sans prévenir ses patients.
Bien sûr, depuis des années, elle confiait son désir de partir. Mais elle est partie sans rien dire. Un simple mot affiché sur sa porte, à la maison de santé , « Le cabinet du Dr Dimova sera fermé le 24 août 2024. En cas d’urgence, composez le 15 », pouvait laisser penser qu’elle serait présente le 25, mais que nenni.
Les patients se sentent abandonnés
Ses patients se retrouvent dans un sentiment d’abandon et de désarroi. Sur les réseaux sociaux, ils l’expriment en disant que son comportement montre un manque de respect et de responsabilité envers ceux qui comptaient sur ses services pour leur santé.
Comme Julia : « Tout simplement inadmissible quant à la démarche. Partir sans prévenir l’ensemble de ses patients ! Se pose la question de notre dossier médical sans parler de l’éthique et de la déontologie. Une bien piètre attitude qui signifie quelque peu un bien piètre intérêt pour ses patients qui l’ont fait vivre et qui ce jour se trouvent dans l’impasse. Les médecins environnants ne prennent plus de nouveaux patients, alors on fait quoi ? Tout simplement pitoyable. »
« Où trouver un médecin ? »
Pour Muriel, c’est « inadmissible, partir sans prévenir ses patients ! Où trouver un médecin maintenant, faire des kilomètres pour être soignée, quelle misère. J’espère que Mme Dimova ne bénéficiera pas de toutes les aides auxquelles elle pourrait avoir droit en changeant de département, que l’ordre des médecins soit très sévère envers cette personne qui laisse ses patients dans la… ».
« C’est évidemment une catastrophe pour le territoire et pour ses patients », commente Ornella. « Tout le monde peut contacter l’ordre de la Meuse afin d’exprimer son mécontentement et peut-être qu’une sanction peut être prise ».
La Codecom « solidaire » des patients inquiets
À la communauté de communes du Pays de Stenay et du Val dunois, on est également un peu désemparé. « Suite à l’annonce officielle du mardi 27 août reçue par lettre recommandée, nous tenions à informer l’ensemble des administrés du départ de la docteure Dimova, qui a cessé son activité le 23 août. »
« La Codecom est naturellement attentive à l’évolution de l’accès aux soins sur son territoire et déplore n’avoir pas été informée en amont de cette décision et se constitue solidaire de la légitime inquiétude de la patientèle du Dr Dimova, mais aussi des médecins du territoire et des territoires voisins devant faire face à l’afflux de demandes de rendez-vous », explique encore la Codecom.
Stéphane Perrin déplore « l'absence de prévenance »
Stéphane Perrin, vice-président du conseil départemental, président de la Codecom et maire de Stenay, est stupéfait. « Donc une importante patientèle qui se retrouve du jour au lendemain sans médecin traitant, dans un contexte de sous densité de médecins généralistes déjà complexe à l’échelle du territoire. Mme Dimova n’ignore pas les effets et conséquences de son départ. […] Qu’elle décide de s’installer à Herserange, dans une maison de santé qui réunit de nombreux professionnels est un choix que nous regrettons mais que je ne commente pas. Ce choix lui appartient dans le cadre de l’activité libérale qu’elle exerce. Ce qui est réellement destabilisant est l’absence de prévenance : en direction des patients, de ses collègues des professions médicales et paramédicales dans un rayon large. Les témoignages reçus sont teintés de colère, d’inquiétude, d’incompréhension, d’anxiété. »
Récupérer son dossier
Le conseil de l’ordre des médecins, installé à Bar-le-Duc, indique qu’« en théorie, les dossiers (des patients de la docteure Dimova) seront disponibles sur la plateforme numérique monespacesante.fr..pour ceux et celles qui l’utilisent. Sinon, le conseil de l’ordre ne pourra rien communiquer ou faire avant le 10 septembre avant une réunion de conseil ».
Ordre des médecins : courriel : cd.55@ordre.médecin.fr ; adresse courrier : 26, route de Behonne 55 000 Bar-le-Duc. Tél. 03 29 45 56 13.
A vingt kilomètres à la ronde, les départs de médecins s'enchaînent
À Montmédy (17 kilomètres), le choix de la téléconsultation a été fait. Les deux pharmacies et le centre médical sont équipés. À la pharmacie de la Place, Juliette Lorrain explique : « On s’est équipé suite au départ successif de trois médecins. » « C’est sur rendez-vous en visio avec un médecin meusien », explique Marc Lafayette, de la pharmacie Lafayette. « La personne est accompagnée. On répond à toutes les demandes. »
Au groupe médical, sur les quatre médecins de départ, il ne reste que le Dr Audrey Léonard qui confie « On était quatre il y a quatre ans ; je suis seule aujourd’hui ! »
À la maison de santé de Mouzon (17 kilomètres), même refrain : « Quatre il y a deux ans, trois aujourd’hui ! »
Quant au centre médical de Carignan (20 kilomètres), toujours pareil : « On reçoit énormément d’appels, mais il y avait six médecins il y a trois ans, il n’en reste plus que trois. On a la téléconsultation qui peut dépanner. » Et à Dun (13 kilomètres), le seul médecin encore en activité est le Dr Thierry Vallière, proche de la retraite.
Stenay et son canton, soit 8 534 habitants (2021) se retrouvent donc avec trois médecins généralistes, les Dr Loïc Thinus, en ville, Gérard Olivier (en ville) et le Dr Liviu Adumitresei, à la maison de santé (injoignable actuellement), le dernier arrivé, venu de Roumanie à l’été 2014.
« Des outils en direction de l’attractivité des professionnels de santé » à créer, selon Stéphane Perrin
« On connaît le contexte de la pénurie nationale de médecins, qui alimente régulièrement l’actualité dans de nombreux territoires, y compris dans les centres hospitaliers », rappelle Stéphane Perrin. « Identifier des candidats à l’installation est complexe, nécessite un travail au long cours qui est en cours de préparation. L’éloignement des universités de Nancy et de Reims constituent une difficulté supplémentaire. Toutes les pistes sont à explorer, avec l’appui de la Région et de son pacte des ruralités, de l’ARS… de tous les acteurs concernés susceptibles de nous accompagner dans ces efforts à mener en continu. Cela sera long et nécessite des coordinations à créer, animer ; des retours d’expériences à étudier, des coopérations territoriales à inventer. Cela nécessite des outils en direction de l’attractivité des professionnels dont le territoire devra se doter, et donc, à la fin, des moyens humains et financiers à y consacrer en priorité », analyse l’élu.
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