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Le rapport à la mort, par Nicolas LEMMER.

Petite histoire du rapport à la Mort

 Si le sujet peut paraître tabou de nos jours comme l’a souligné l’un des plus grands historiens de la mort, Philippe Ariès, la mort « apprivoisée » de l’an mille ayant laissé la place à la mort « ensauvagée » de l’an deux mille, il est surtout universel entre tous les peuples. A tel point que la prise de conscience de la mort signe l’acte de naissance de l’humanité et de la culture. En effet, le sociologue Patrick Baudry déclare à ce sujet « qu’il n’existe pas de société sans rituel funéraire. Aucune société ne se débarrasse du corps mort comme s’il n’avait, dès lors qu’il ne vit plus, aucune importance ». Ainsi les premières traces de ritualité autour de la mort datent de 350 000 ans !

Le sujet étant bien trop vaste pour être abordé exhaustivement durant une seule conférence, plusieurs aspects méconnus du grand public ont été abordés par le conférencier. Dans un premier temps, il a été rappelé les différentes approches de la mort en fonction des civilisations et de l’aire géographique concernée et notamment le sort du corps défunt, la gestion du chagrin, les rapports entre les morts et les vivants ou encore le sens de la mort. Quoi qu’il en soit la mort est sacrée pour toutes les sociétés avec comme plus grande injure possible, considéré comme un crime, la volonté de nuire à la dépouille ou à sa sépulture.

L’espace des morts, le cimetière, a été longuement abordé de sa familiarité depuis le Moyen Age, à savoir un véritable lieu de vie quotidien, à un espace qui se sacralise à la fin du XVIIIème et au début du XIXème siècle. Les rites de passage, concept inventé et étudié par Arnold VAN GENNEP, ont été décrits avec de nombreux exemples pour témoigner de l’imprégnation du folklore local dans le rigorisme des rites religieux.

Pour comprendre cette familiarité avec la mort sous l’Ancien Régime, Nicolas Lemmer est revenu sur les représentations de la mort dans les concepts mentaux collectifs et notamment à travers de la littérature et de l’art médiéval du Dit des 3 morts et des 3 vifs, l’Ars Moriendi, et autres Danses Macabres, vanités et transis. La dernière partie de l’intervention s’est alors penchée sur les visions de l’au-delà et sa construction progressive au cours des siècles et notamment avec la célèbre œuvre de Dante, La Divine comédie (1304-1321).

Finalement, c’est la Première Guerre Mondiale qui développera l’idée que l’enfer est sur terre et après ce tournant majeur de notre histoire collective, la peur de la mort sera reléguée au second plan au profit du développement d’une société hédoniste.